Nous souhaitons bien évidemment être et rester en bonne santé. Pourtant nous sommes parfois malades et, selon la gravité, nous vivons alors une épreuve perturbante, douloureuse et inquiétante. Or nous pouvons nous appuyer sur des leviers pour vivre au mieux notre maladie, le traitement et la voie si possible vers la guérison.
Je vous propose de partager ces leviers.
A mes yeux, la première idée clé est de se sentir le plus possible « acteur ». Je me réjouissais d’écouter la conférence d’une oncologue sur L’annonce de la nouvelle qui, elle aussi, partageait et insistait sur cette notion.
Je vois cinq axes : l’objectif que se donne la personne, le sens éventuel qu’elle attribue à la maladie, la gestion émotionnelle, la relation au traitement et à la guérison, la gestion de la douleur. Nous aborderons les trois premiers dans cet article et les deux suivants dans la prochaine newsletter
Un objectif en accord avec soi même
Un 1er enjeu est l’objectif que la personne se donne. Comme pour tout objectif, sa formulation peut être aidante ou pas. Francis veut « se battre contre cette cochonnerie » et finalement aboutit à « je veux mettre toutes les chances de mon côté pour guérir ». L’impact des mots est totalement différent. La seconde formulation l’oriente d’emblée vers une visualisation de la guérison et lui est beaucoup plus confortable. Dans les cas de pronostic pessimiste, la personne peut exprimer son désir de vivre au mieux les traitements, de maintenir une qualité de vie « la meilleure possible », d’apprendre à profiter de son temps à vivre, également d’explorer ce qui pourrait dépendre d’elle pour espérer une guérison ou une rémission.
Être attentif au sens donné à la maladie
Beaucoup de personnes donnent un sens à leur maladie et cela peut être dévastateur comme « je le méritais, je suis puni, c’est normal, je n’ai jamais eu de chance… ». Il est alors bien difficile de devenir acteur de sa guérison ! Pourtant, si la personne va consulter le corps médical et vient voir une thérapeute, c’est bien qu’elle porte en elle un objectif, ne serait-ce que « Aller mieux ».
Ainsi en rebondissant sur sa démarche volontaire, nous allons explorer d’où vient cette vision négative et amener la personne à cheminer vers plus d’accord avec elle-même et à un sens plus constructif ou au moins neutre de sa maladie.
Dans d’autres cas, la personne accueille la maladie comme un signal ou une prise de conscience utile. Bernard me raconte :« je me disais bien que j’allais au casse-pipe ». Il est bien décidé à changer des paramètres importants dans sa vie, pour lui un meilleur équilibre entre vie professionnelle/vie personnelle. Cela peut se traduire aussi par s’accorder du temps pour soi, être plus tolérant envers soi-même, oser dire ce qui ne va pas, savoir se poser des limites ….
La personne ne se donne pas toujours une explication psychologique à sa maladie, ce qui ne pose pas de souci en soi.
Accueillir le bouleversement émotionnel
La gestion émotionnelle de la découverte de la maladie puis de son déroulement est intense. La personne peut avoir peur (et même être terrifiée) ; elle peut être en colère contre elle-même, contre son corps qui la « trahit », contre le monde entier, elle peut être perdue, désemparée, honteuse. Il et vraiment aidant de se trouver un lieu d’écoute où elle va pouvoir identifier chacune des émotions qui la traversent, les accueillir, comprendre le mécanisme qui l’amène à ces émotions et désamorcer ce qui est le résultat d’interprétations ou de généralisations fausses qui peuvent amplifier le mal être.
De plus, se sentir compris et reconnu dans tout ce chamboulement émotionnel puis au fur et à mesure de l’évolution est rassurant. Dans cet espace qu’offre l’accompagnement dans la bienveillance et l’accueil, la personne s’autorise à exprimer ses peurs de la mort, ses difficultés face aux réactions des proches (trop proches ou trop distantes), de la douleur, les phases de découragement. C’est très libérateur.
Voici ces trois premiers leviers, ils apportent déjà beaucoup de réconfort et d’ouverture vers le futur. Le mois prochain, nous aborderons la visualisation du processus de guérison et la gestion de la douleur